A voir en Martinique

L'artisanat

 

Les objets répertoriés, ci-dessous, sont ceux qui ont été fabriqués localement. Ils sont donc la résultante d'un savoir-faire transmis à travers plusieurs générations. Cet aperçu nous permet de rectifier une opinion trop souvent répandue qui tendrait à faire croire qu'à l'origine «les petits métiers» manuels sont introduits au 17è siècle par la main-d'oeuvre blanche. 

Traitant des modes de vie des esclaves noirs dans son ouvrage (Nouveau Voyage ...), le Père Labat décrivit avec une relative précision leurs compétences dans le domaine du travail du bois et du fer ; compétences importées d'Afrique et qu'ils ont très largement utilisées pour aménager leur case d'habitation ou pour confectionner leurs outils de travail.

Mais les esclaves étaient très rarement employés dans ces domaines car la production agricole sur la plantation exigeait leur présence sur les champs. C'est pourquoi, dès les premiers temps, on fit appel à une main d'oeuvre venue de France pour assurer la maintenance technique des sucreries (forgerons, charpentiers, tonneliers, etc ...).

Très vite les gros propriétaires se sont mis à se plaindre des artisans venus de France. Le R.P. du TERTRE signale à ce propos qu'en compensation de jeunes esclaves furent mis en apprentissage. Plusieurs ouvrages signalent que des jeunes esclaves auraient été aussi envoyés en France métropolitaine pour bénéficier d'un apprentissage artisanal auprès de maître-apprentis chevronnés, en vue d'assurer le remplacement des artisans blancs.

Dans les cas qu'il a cités, le R.P. du Tertre signale que cette solution donna très rapidement satisfaction : les jeunes esclaves faisaient preuve d'une très grande habileté. Ainsi un très grand nombre de nègres charrons, menusiers, tailleurs de pierre, maçons, couteliers, serruriers, confiseurs, etc... furent ainsi formés.

Dans l'évolution économique des îles, on remarque aussi que cette tendance se confimera plus tard notamment avec la promotion sociale des gens de couleur libres :

«Tournés à l'origine vers les métiers du bâtiment, ils (les libres) furent charpentiers, menuisiers, maçons, couvreurs, peintres. Quand la ville devint, après 1762 plus importante, 1es emplois se diversifièrent et on trouve dès lors des tailleurs, cordonniers, perruquiers, des tonneliers, des bouchers et des boulangers, quelques confiseurs et matelassiers, plusieurs forgerons, des pêcheurs, seineurs, marins, patrons de canot.

Au début de la Révolution, les premiers orfèvres, les marchands et leurs commis firent leur apparition...»

Jusqu'au milieu du XXè siècle, la structure de ces objets ne se renouvelle que fort peu. Les bases techniques les plus complexes restent celles qui ont été amenées par la main d'oeuvre spécialisée (forgeron, charpentier, menuisier, etc...) en provenance de France et introduite à l'époque par le Père Labat pour assurer le fonctionnement et la maintenance des «sucreries».

Toute l'évolution des techniques de fabrication y compris celles liées aux outils et objets la domesticité emprunte l'essentiel de leur mise en oeuvre aux savoir-faire acquis dans ou autour de la plantation. Des savoir-faire qui ont su intégrer à la fois les apports des ouvriers venant de France mais aussi les connaissances issues de l'Afrique, terre d'origine des esclaves.

 

 

Le simple tamis : cadre en bois de
35 à 40 cm de côté sur lequel est posé un grillage métallique très fin doublé le plus souvent d'un tissu 

Ce tamis est parfois posé sur une calebasse ouverte dans sa partie supérieure et trouée dans sa partie inférieure

Cette calebasse est alors soit suspendue au bout d'une gouttière de toiture ou simplement sur un bâton planté dans le sol non loin de la jarre «le Chaspengne» qui doit servir à puiser l'eau dans la jarre

La râpe adopte différentes formes en milieu martiniquais. De la plus simple: rectangle de fer plat, troué avec les bords des trous repoussés vers l'extérieur de façon à donner une surface hérissée de pointes; l'ensemble de cette plaque est recourbée et montée sur un châssis pour solidifier la plaque mais pour permettre aussi de disposer d'un manche

Le moulin le plus répandu est : «le moulin coco» constitué d'une sorte de coffre en bois de forme allongée 80 cm environ de long sur 25 ou 30 cm large dont les 2 grands bords latéraux sup rieurs soit une coupe arrondie, soit une cou oblique. il est souvent monté sur 4 pieds

Pour beaucoup de préparations culinaires à base de lait (punch au lait, oeufs au lait, entièrement lactés, divers, etc ... ) on a recours habituellement en Martinique à des «bois lélés», sorte d'instrument de cuisine mélangeur, servant aussi à donner une consistance mousseuse ou plus solide aux aliments

Les tessons ou réchaud en fer blanc et ciment : ici le corps du tesson est représenté par une boîte cylindrique en fer blanc de 60 cm de hauteur et de 35 cm de diamètre environ ; objet de récupération le plus souvent bouts de bois sec. Comme pour les tessons en poterie, les contenants culinaires sont déposés sur l'ouverture circulaire de la partie haute